Rencontre avec Nadia Wicker - Photographe et maquilleuse studio

Nous avons découvert Nadia Wicker lors du récent Salon de la Photo. Une rencontre heureuse avec cette jeune femme dont le parcours est intéressant à plus d’un titre. Photographe et maquilleuse studio, Nadia Wicker développe une approche personnelle de la photographie à travers une série d’auto-portraits totalement inédits dans lesquels sensibilité extrême et talent pour le maquillage sont omniprésents.

Nous avons souhaité en savoir plus, aussi après Bertrand ‘Enzo’ Ansel, Nadia nous dit tout sur son parcours.

A la rencontre de Nadia Wicker …

NP: Nadia, en quelques mots peux-tu nous dire qui tu es, ce que tu fais, dans quel monde tu évolues ?

NW: Je suis photographe et maquilleuse studio. En photographie j’ai évolué dans des domaines variés pendant plusieurs années : mes travaux professionnels m’ont menés à la photo culinaire, au reportage, à la publicité. J’allais où on m’appelait et où je me savais capable de fournir un résultat.

Mes travaux personnels eux étaient dirigés par l’humain et l’esthétique, je me suis longtemps intéressée à la mode et à la beauté. Au milieu de tout ça sont apparus les autoportraits : un monde bien à part qui a pris tellement de place dans ma vie qu’il y a un mois j’ai décidé de ne me consacrer plus qu’à eux !

Quant au maquillage je le pratique sous deux formes : plus artistique quand il va de pair avec mes autoportraits, plus plastique quand je suis appelée à travailler pour des campagnes publicitaires ou des catalogues.

NP: Parle nous un peu de ton parcours photo, comment es-tu venue à t’y intéresser, qu’est-ce qui te motive, te pousse à aller toujours plus loin ?

NW: C’est mon activité de maquilleuse qui m’a menée à la photographie ! Je suis d’une nature assez curieuse et touche-à-tout… sur les shoots je ne me lassais jamais d’observer, de poser des questions et d’admirer. Très vite j’ai su que j’y viendrais un jour mais je voulais me laisser le temps, me consacrer d’abord au maquillage pleinement. Finalement c’est une mauvaise expérience en cours de route qui a été le déclencheur.. un mal pour un bien ! J’avais besoin de plus d’indépendance, de liberté. J’avais besoin d’être capable de faire les choses par moi-même.

Ce qui me motive c’est simplement le bien-être ! Je suis bien quand je fais des photos. Il n’y a plus rien qui compte à ces moments-là et c’est une sensation plutôt agréable que j’espère garder encore longtemps.

Au-delà de ça il y a bien sûr aussi l’appétit de la nouveauté et de la découverte !

NP: Quelles sont tes références en photographie, tes photographes préférés ?

NW: Quelle question difficile ! Je ne sais jamais quoi répondre. Il y a beaucoup trop d’images qui circulent et de gens doués ! Le plus simple est de vous envoyer ici http://artroom.tumblr.com , un espace où je poste mes coups de coeur.

NP: Tu travailles en tant que photographe pro, peux-tu nous en dire plus sur ton quotidien, les difficultés rencontrées, les succès ? Quels conseils donnerais-tu à un photographe qui veut se lancer ?

NW: Mon quotidien c’est d’être très souvent en face de mon écran ! Plus sérieusement je jongle entre mes deux activités et mes projets personnels, entre Nancy, où je vis, et Paris principalement.

Au fil des ans je note une difficulté récurrente : l’insécurité. Le téléphone peut s’arrêter de sonner demain, on peut perdre ses clients, ne plus plaire. Et on en vient à sacraliser l’argent.

Pour le reste on trouve des solutions, on fait des choix !

Ce qui m’a ennuyé par exemple à mes débuts c’est de réaliser que certains étaient prêts à tout pour voler une clientèle.. ou encore que les clients eux-mêmes n’étaient pas toujours loyaux et respectueux.

J’ai alors fait le choix, premièrement, de « cacher » mon activité et de ne plus crier sur les toits le nom de mes clients et deuxièmement, de préférer un travail moins intéressant avec un client honnête à un travail flatteur avec quelqu’un d’incorrect. Et je n’ai pas hésité à dire au revoir à certains clients qui abusaient de mon statut d’indépendante !

Les succès résultent de ces choix.. j’ai eu des clients de rêve après !

Aujourd’hui la situation est un peu différente suite à mon envie d’évoluer avec mes autoportraits annoncée plus haut. Je suis maintenant confrontée à la difficulté nommée « exposition » ! Je dois me présenter, démarcher, parler de mon travail.. me vendre.. et c’est très compliqué !

Si je n’avais qu’un conseil à donner à quelqu’un qui veut se lancer c’est « fonce ! »

On a qu’une vie et il faut tant que possible essayer de ne pas avoir de regrets. Quoi de plus terrible que de se poser la question un jour « et si j’avais essayé ? ».

NP: Tu as d’autres activités que la photo, comment arrives-tu à tout gérer ?

NW: Je n’ai pas de problème à concilier les deux activités. Le maquillage est bien différent de la photo, il ne demande pas vraiment de préparation et de suivi ! On m’appelle, je viens faire mon travail et je repars ! Il exige principalement beaucoup de déplacements dans mon cas mais ça me convient parfaitement !

NP: Parle nous un peu de tes projets professionnels, comment vois-tu l’avenir en tant que photographe ?

NW: Tout ce qui m’occupe l’esprit en ce moment c’est mon travail d’autoportraitiste ! J’enchaîne les images, commence de nouvelles séries. J’ai fait ma première exposition en octobre 2010 suivie d’une seconde en galerie en juin et juillet derniers et je rêve de continuer sur cette voie. Mon avenir je l’imagine et je le souhaite en expositions !