Lundi 16 juillet 2012.
Alors que je fais un trek en Thaïlande, je passe par un village isolé. M’approchant de l’école, j’aperçois un groupe d’enfants intrigués par ces visiteurs européens qu’ils n’ont que rarement l’habitude de voir. Plusieurs s’approchent de moi. Je suis tout près de la cloison qui me sépare de leur salle de classe.
Un des enfants me fixe, intimidé. Un autre sourit. Un troisième, plus loin, semble surpris.
J’attrape mon appareil photo sur lequel j’ai monté mon 35 mm à mise au point manuelle depuis le début du trek. Je fais la mise au point très vite, prenant le risque de me tromper, mais je sais que j’ai très peu de temps avant que l’enfant au premier plan ne bouge. L’ouverture f/4, calée par défaut, convient idéalement pour que le portrait soit net et que l’arrière-plan plonge dans un flou harmonieux.
Je déclenche. L’enfant est déjà reparti. Je fais quelques autres photos, mais aucune ne vaut ce portrait. Je le découvrirai en plein écran au retour chez moi. Depuis, c’est un de mes portraits favoris.
J’ai fait un portrait au 35 mm, à l’inverse de toutes les règles qui voudraient qu’un portrait se fasse au 85 ou au 105 mm. Peu importe, les règles sont faites pour être enfreintes. Avec un 35 mm fixe, pendant toute la durée de ce voyage, je n’ai pas eu besoin de zoom ou d’une autre focale.
Je n’ai pas cherché ce portrait, j’ai cherché la rencontre. Une scène. Le hasard. La capture d’un instant. Cette photo s’est imposée car j’ai réussi à être là, attentif, disponible.
Le 35 mm ne fait pas de portrait au sens académique. Il capture une présence. Peut-être que photographier quelqu’un, ce n’est pas chercher à le figer. C’est accepter de le rencontrer.
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