Cet article fait partie de la série documentaire en 11 épisodes consacrée à l’histoire de Nikon. Quand Nikon monte en orbite, l’histoire de la photographie change d’échelle. Depuis 1971, la NASA fait confiance à la marque japonaise pour documenter ses missions, du programme Apollo aux programmes modernes comme Artemis. Exigences extrêmes, innovations uniques et boîtiers légendaires, voici comment Nikon est devenu le leader de l’espace.
👉 Retrouvez la présentation complète et le sommaire des épisodes sur la page dédiée à l’histoire de Nikon.
Épisode 1 – Nippon Kogaku et le Baron Iwasaki (1917-1945)
Épisode 2 – Les télémétriques Nikon S et SP (1945-1960)
Épisode 3 – le Nikon F (1959)
Épisode 4 – les objectifs mythiques Nikon NIKKOR mythiques
Épisode 5 – les Nikonos
Épisode 6 – Le Nikon F2
Épisode 7 – Le Nikon F3
Épisode 8 – Les Nikon F4, F5 et F6
Épisode 9 – Nikon et le 7ème Art
Aux origines du partenariat Nikon – NASA
Dès 1971, Nikon devient l’interlocuteur unique de la NASA pour la photographie. La conquête spatiale entre alors dans une nouvelle phase : après les premiers pas sur la Lune, il faut documenter la vie en orbital, les sorties extra-véhiculaires, les réparations, les expériences scientifiques.
Nikon fournit alors un boîtier très particulier : un Nikon F spécialement modifié, motorisé, sécurisé et entièrement adapté aux conditions extrêmes du vide spatial.
La NASA ne veut prendre aucun risque : coupe-circuits, verrous spéciaux, matériaux résistants aux chocs thermiques, documentation rigoureuse. C’est le début d’un partenariat de confiance qui durera plus d’un demi-siècle.
Le Nikon F NASA : un boîtier unique au monde
Pour les missions Apollo tardives, Nikon développe quelques exemplaires d’un Nikon F motorisé, conçu pour être utilisé avec des gants épais, sans rembobinage manuel et avec des sécurités électriques inédites.
Aucun autre boîtier Nikon ne possède ce type de coupe-circuits, ajoutés pour éviter toute étincelle dans une atmosphère en oxygène pur : un risque mortel pour les astronautes.
Produit à très faible tirage, ce Nikon F NASA reste l’un des boîtiers les plus rares jamais construits par la marque.
Le Nikon F2 ne volera jamais… place au Nikon F3
Alors que le F2 aurait pu prendre la relève, Nikon juge le modèle trop récent pour les normes NASA. Le partenariat reprend directement avec le Nikon F3, conçu dès 1980 pour les missions orbitales, la navette spatiale et le laboratoire Spacelab.
Préparé avec une minutie extrême, le F3 NASA se distingue par :
- des commandes surdimensionnées pour l’usage avec gants,
- une typographie agrandie pour compenser la perte d’acuité visuelle en microgravité,
- un verrouillage de la mise au point sur l’infini,
- des objectifs spéciaux (UV, 55, 105, 35 f/1.4…), souvent produits à la demi-douzaine.
Chaque boîtier est numéroté, documenté, suivi, photographié. La NASA trace tout : optique, boîtier, moteur, poignée, viseur. Certains de ces appareils peuvent être admirés au Nikon Museum de Tokyo.
Small Camera et Big Camera : le F3 dans toutes les configurations
Le Nikon F3 NASA existe en deux versions :
Small Camera : le modèle standard, utilisé avec des films adaptés permettant parfois jusqu’à 72 vues.
Big Camera (F3 250) : version rarissime équipée d’un dos grande capacité permettant jusqu’à 500 vues d’affilée avec des films spécifiques à faible épaisseur. Seulement 13 exemplaires auraient été fabriqués.
Cette configuration était essentielle pour les opérations documentaires : inspection de la navette, relevés de surface, réparations, photographies structurelles.
Les images étaient ensuite scannées et envoyées directement sur Terre pour analyse.
L’arrivée du numérique : D1, D3, D4, D5… puis Z9 en 2024
À partir des années 1990, les systèmes numériques simplifient grandement la transmission des images. La NASA adopte successivement :
- les systèmes DCS (Kodak/Nikon)
- le Nikon D1
- le Nikon D3
- le Nikon D4
- le Nikon D5
En janvier 2024, un lot de Nikon Z9 rejoint la Station Spatiale Internationale (ISS) grâce à SpaceX. Des optiques Z montent également à bord, accompagnées de bagues FTZ pour conserver les téléobjectifs en monture F, encore indispensables.
Artemis : Nikon prépare son retour sur la Lune
En février 2024, Nikon annonce que la mission Artemis, qui marquera le retour de l’humanité sur la Lune, sera photographiée au Nikon Z9.
Des firmwares spécifiques sont déjà prévus : gestion thermique, sécurité électrique, utilisation avec gants, modes adaptés aux environnements extrêmes.
La boucle est bouclée : 50 ans après Apollo, Nikon se prépare à poser de nouveau l’œil de l’humanité sur la Lune.
Thierry Ravassod, témoin d’un pan méconnu de l’histoire Nikon
Dans cet épisode, Thierry Ravassod dévoile des informations, des anecdotes et des pièces rares issues de son musée Nikon. Son expertise éclaire une période exceptionnelle où situations inédites et conditions extrêmes sont les moteurs de l’innovation.
FAQ : Nikon et la NASA
Nikon a-t-il vraiment fabriqué des boîtiers spécifiques pour la NASA ?
Oui. Nikon a conçu des versions spéciales du Nikon F et du Nikon F3, puis des reflex numériques et désormais de l’hybride Nikon Z9 avec commandes agrandies, interrupteurs sécurisés et optiques dédiées.
Qu’est-ce que le Nikon F3 “Big Camera” ?
Une version rare équipée d’un dos grande capacité permettant jusqu’à 500 vues avec films spéciaux à faible épaisseur.
Quels boîtiers Nikon sont utilisés aujourd’hui dans l’espace ?
La NASA utilise désormais des Nikon Z9, accompagnés d’optiques Z et de bagues FTZ pour les téléobjectifs en monture F.
Le Nikon F2 est-il allé dans l’espace ?
Non. Nikon ne l’a jamais certifié pour les missions, la NASA est passée directement du Nikon F au Nikon F3.
Les Nikon F NASA sont-ils visibles aujourd’hui ?
Oui, certains sont exposés au Nikon Museum de Tokyo, mais les exemplaires d’Apollo ne sont jamais revenus sur Terre.
Pour aller plus loin
👉 Retrouvez la page complète de la série Histoire Nikon
👉 Lisez l’épisode précédent : Nikon et le 7ème Art : le cinéma à l’honneur
👉 Lisez l’épisode suivant : Les premiers Nikon numériques (à venir)

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