L’automatisme de votre appareil photo vous permet de régler l’exposition pour que vos photos soient bien exposées. Il doit être capable de vous donner de bonnes photos et de déjouer les principaux pièges. En modifiant le réglage d’exposition, vous pouvez toutefois faire plus de photos créatives, voici comment.
Résumé rapide : En sous-exposant légèrement, vous évitez de brûler le ciel, vous renforcez le contraste et vous donnez plus de présence aux nuages. En testant plusieurs valeurs, vous choisissez l’ambiance qui correspond à votre intention. Et si vous travaillez en RAW, cette maîtrise dès la prise de vue vous offre plus de latitude pour affiner le rendu au développement. L’exposition devient alors un choix créatif autant qu’une décision technique.
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Corriger l’exposition pour obtenir le rendu que vous cherchez
Principe de base de l’exposition
La bonne exposition d’une photo est la combinaison de trois réglages :
- le temps de pose,
- l’ouverture,
- la sensibilité ISO.
En combinant ces réglages de la meilleure façon, la mesure de lumière automatique de votre appareil photo vous donne l’exposition idéale. “Idéale” signifie que votre photo n’est ni trop claire, ni trop sombre.
Si le ciel est lumineux il ne doit pas être pour autant brûlé. Si les ombres sont très sombres, elles ne doivent pas être bouchées. Le sujet principal doit être agréable à regarder.
Ce fonctionnement par défaut de votre appareil photo est celui que vous utilisez la plupart du temps. Mais régler l’exposition ne se limite pas à faire des photos correctement exposées. D’ailleurs que signifie “correctement exposées” ?
Comment fonctionne la correction d’exposition
Le réglage d’exposition donné par votre appareil photo peut être corrigé. Ceci signifie que vous avez le droit de modifier la valeur donnée par l’automatisme pour faire des photos créatives qui correspondent à vos envies. Pourquoi ne pas éclaircir la scène, ou l’assombrir au contraire (en savoir plus) ?
En corrigeant l’exposition, vous adaptez le rendu de la photo à vos envies. Pour corriger l’exposition, vous vous basez sur la valeur donnée par l’automatisme, puis vous sous-exposez ou sur-exposez. Cela signifie que vous changez :
- le temps de pose à ouverture et sensibilité identiques,
- l’ouverture à temps de pose et sensibilité identiques,
- la sensibilité à temps de pose et ouverture identiques.
Utiliser le triangle d’exposition pour ajuster la lumière
C’est le principe du triangle d’exposition, un des trois réglages joue sur la luminosité de la photo, les deux autres restant égaux par ailleurs.
Pour corriger l’exposition, utilisez le correcteur d’exposition. Sur la plupart des appareils photo il s’agit d’une molette à tourner, d’un bouton sur lequel appuyer avant de tourner la molette, ou d’une touche particulière. Consultez le mode d’emploi de votre appareil photo pour trouver comment faire.
Voir comment procéder pour corriger l’exposition sur un hybride ou un reflex
Quand corriger l’exposition : 5 situations fréquentes
- Scène très contrastée (paysage avec ciel lumineux + premier plan sombre)
- Contre-jour ou silhouette
- Ambiance dramatique ou ciel gris (lever/coucher de soleil, nuages sombres)
- Hautes lumières critiques à préserver (nuages, ciel, reflets)
- Pour favoriser les détails dans les ombres quand vous prévoyez un post-traitement RAW
Photos de paysage : choisir la bonne exposition selon la lumière
Exposition automatique : ce que l’appareil interprète

La photo de paysage ci-dessus a été faite en hiver, vous voyez que le ciel est très lumineux avec des zones brûlées tandis que le champ est peu éclairé. La difficulté ici est d’ajuster l’exposition pour que le ciel ne soit pas trop blanc, et que les détails du champ soient bien visibles.
A la limite du ciel et de la terre vous apercevez un arbre. Ses branches se superposent au ciel, provoquant un effet silhouette qui peut avoir de l’intérêt sur le plan graphique. La colline en arrière-plan n’est que très peu visible.
Au premier plan, la barrière et les poteaux marquent l’espace. C’est un élément graphique à prendre en considération dans le rendu final de la photo.
La valeur moyenne de mesure de lumière donnée par l’automatisme permet de conserver du détail dans le ciel comme dans le champ. Les nuages sont visibles, mais la zone brûlée est importante. L’herbe et les poteaux sont visibles aussi, bien que l’ensemble manque de détail.
C’est une photo correctement exposée au sens de l’automatisme mais bien fade. En corrigeant l’exposition, vous pouvez lui donner un tout autre rendu.
Sous-exposition : –1 EV et –2 EV pour récupérer le ciel

Sur ce deuxième exemple, j’ai sous-exposé d’1 Ev en changeant le temps de pose, à ouverture (f/8) et ISO 100 constants. La photo est plus sombre, il y a plus de détails dans le ciel, les nuages sont plus visibles. Les zones brûlées sont moins importantes. Le champ est plus sombre, il est plus difficile d’apercevoir les poteaux, de même que les détails dans l’herbe.
Cette version m’intéresse car les motifs créés par les nuages sont plus intéressants. L’ambiance plus sombre me plaît mieux également.
Le champ au premier plan reste toutefois trop sombre pour que le résultat me convienne.

Pour ce troisième exemple j’ai sous-exposé de 2 Ev. Le premier plan est très sombre, les détails ne sont presque plus visibles. La matière dans le ciel, apportée par les nuages, devient intéressante. La zone brûlée est réduite et la limite entre le ciel et la terre est très graphique.
Cela peut être intéressant, mais le rendu global est encore bien trop sombre.
Sous-exposition poussée : –3 EV et dynamique du capteur

Pour pousser l’exercice jusqu’au bout, j’ai appliqué ici une correction d’exposition de -3 Ev. Si le premier plan est complètement sombre, le ciel prend une nouvelle apparence. Les nuages noirs prédominent, le soleil apparaît derrière les nuages. C’est la zone très lumineuse précédente qui n’est presque pas brûlée ici.
Cela démontre au passage la capacité du capteur à encaisser les hautes lumières. Faites l’essai avec votre appareil photo pour voir jusqu’où il sait aller en matière de dynamique. Je ne conserverai pas cette version en l’état, mais le ciel m’intéresse.
Pour aller plus loin : vérifiez toujours l’histogramme. Si, en sous-exposant, vous voyez que les hautes lumières ne sont pas cramées et que l’histogramme n’est pas « clipé » à droite, c’est un bon signe. Vous évitez de perdre des détails irréversiblement. A contrario, une exposition « à droite » bien mesurée (sans écrêtage) vous donnera un maximum d’information dans les ombres — idéal si vous shootez en RAW.
Sur-exposition : +1 EV et +2 EV pour éclaircir le premier plan

Pour cette cinquième version de la photo, j’ai appliqué une correction d’exposition de + 1 Ev. Le rendu est totalement différent.
Le premier plan est lumineux, les détails dans l’herbe très visibles, les poteaux de la barrière aussi.
À la frontière de la terre et du ciel vous percevez de nombreux détails dans les arbres et les branchages, de même que la colline au fond. Le ciel est par contre très lumineux, cette masse claire plombe la photo, elle n’est pas intéressante en l’état.

Afin de voir ce que je pouvais espérer de cette scène et de cette lumière, j’ai ici exposé à + 2 Ev. Le ciel est bien plus blanc, brûlé en grande partie. La matière des nuages n’est plus visible, son intérêt graphique est perdu.
Le champ est lui très lumineux, trop à mon goût. L’ambiance générale de la photo est très différente. Il est presque difficile de se croire en plein hiver. Je ne garderai pas non plus cette version, mais cette belle luminosité du premier plan m’intéresse.
Comment utiliser la correction d’exposition sur le terrain
Lorsque je déclenche, j’utilise la correction d’exposition comme un outil créatif simple. Selon la scène, elle change tout. Voici quelques situations typiques dans lesquelles vous pouvez en profiter.
PAYSAGE AVEC CIEL LUMINEUX
Face à un ciel trop clair, une correction de -1 EV suffit souvent à révéler du relief dans les nuages et à densifier l’ambiance.
À f/8, ISO 100, vous gagnez un ciel plus expressif sans assombrir exagérément le premier plan.
PORTRAIT EN CONTRE-JOUR
Ici c’est l’inverse : si vous exposez « normalement », le visage se retrouve souvent trop sombre. En ajoutant +1 EV ou +1,3 EV, vous éclairez le sujet sans perdre toute la dynamique du fond.
Par exemple f/2,8, ISO 200, +1 EV pour garder un visage lisible.
SCÈNE DE NUIT
En ville, l’automatisme surexpose souvent les façades ou les lampadaires. Un –1 EV ou –2 EV évite que les hautes lumières soient cramées et vous garde du détail dans les zones éclairées.
À f/4, ISO 1600, –1 EV donne déjà un rendu plus fidèle.
LUMIÈRE DOUCE EN FIN DE JOURNÉE
Cette lumière flattera votre scène, mais peut conduire le boîtier à sous-exposer légèrement. Dans ce cas, ajouter +0,3 EV ou +0,7 EV suffit à donner plus de présence au sujet sans trahir l’ambiance douce.
Par exemple f/5,6, ISO 200, +0,7 EV.
LUMIÈRE DURE EN PLEIN SOLEIL
Au contraire, la lumière peut être violente et le contraste très fort. Pour éviter de cramer les hautes lumières, réduisez l’exposition à –0,7 EV ou –1 EV.
À f/11, ISO 100, –1 EV protège les détails et simplifie la scène.
Attention : ces ajustements ne sont pas des règles, ce sont des points de départ fiables. Ils vous aident à « sentir » ce que le correcteur d’exposition permet, et à développer progressivement votre propre signature.
En procédant ainsi, par variations successives du réglage d’exposition dans un sens comme dans l’autre, je peux analyser la scène. La sous-exposition m’informe sur les détails disponibles dans les zones très lumineuses, la sur-exposition me donne de l’information sur les détails disponibles dans les zones sombres.
Le capteur de mon appareil photo n’est pas capable d’enregistrer l’ensemble de cette plage dynamique, c’est normal. Mais en corrigeant l’exposition, et en travaillant le rendu final en post-traitement, je vais pouvoir adapter le rendu final de l’image à mes envies.
Tableau récapitulatif des effets de la correction d’exposition
| Situation | Ce qui se passe sans correction | Effet de la correction d’exposition | Résultat sur l’image |
|---|---|---|---|
| Paysage avec ciel clair | Ciel trop lumineux, peu de texture | Sous-exposition –1 EV | Densité accrue, nuages plus visibles |
| Paysage très lumineux | Partiellement surexposé, ciel brûlé | Sous-exposition –2 EV | Ciel récupéré, contraste renforcé |
| Variations d’ambiance dans un même paysage | Une seule exposition n’équilibre pas toute la scène | Tester 0 / –1 / –2 EV | Sélection du rendu le plus adapté à l’intention |
| Recherche d’une atmosphère marquée | Exposition standard trop neutre | Ajustement fin de l’exposition | Ambiance plus personnelle et expressive |
| Image destinée au traitement RAW | Risque de hautes lumières irrécupérables | Sous-exposition légère | Meilleure marge de récupération au développement |
Chaque fois que vous êtes confronté à une scène comme celle-ci, avec un écart important entre hautes et basses lumières, n’hésitez pas à régler l’exposition en la décalant. Cela vous permet de distinguer ce qu’il est possible de voir dans les zones claires comme dans les zones sombres.
Si vous utilisez un hybride, ajustez l’exposition avant la prise de vue, visualisez le résultat dans le viseur, et choisissez la valeur qui vous convient.
Si vous utilisez un reflex, faites plusieurs photos en corrigeant l’exposition et regardez sur l’écran arrière le résultat qui vous convient le mieux.
Dans les deux cas, utilisez le format RAW pour pouvoir corriger en post traitement. C’est ce que nous allons faire maintenant.
Complément : RAW vs JPEG
Si vous shootez en RAW, la correction d’exposition offre une marge très confortable en post-traitement. Vous pouvez souvent récupérer des détails dans les ombres ou les hautes lumières. En revanche, en JPEG, l’exposition « juste » devient plus cruciale : un ciel cramé ou des ombres bouchées seront bien plus difficiles à rattraper.
RAW et traitement : affiner l’exposition au développement
Pourquoi partir d’une version sous-exposée
Pour corriger l’exposition, selon vous, de quelle version je vais partir ?
J’ai choisi de partir de la version sous-exposée -2 Ev. C’est un choix personnel, vous pourriez en faire un autre, j’ai pris cette version car elle me permet de récupérer un maximum de détails dans le ciel sans rien perdre dans le premier plan.

Ajuster l’exposition du ciel en premier
Dans un premier temps j’ajuste l’exposition sur le ciel, j’augmente l’exposition pour récupérer de la matière dans les nuages sans trop éclaircir la zone très claire. Je la travaille à part pour en diminuer les hautes lumières j’assume le fait que le soleil soit brûlé, il y a une logique.

Récupérer les détails du premier plan
Dans un second temps, j’ajuste le premier plan en remontant l’exposition. Je diminue le réglage des ombres, pour faire apparaître du détail au tout premier plan, avant la barrière.

Équilibrer la zone intermédiaire de l’image
Ce premier résultat ne me satisfaisant pas encore, j’ajuste l’exposition sur la partie intermédiaire entre la barrière et les arbres. Ceci me permet au passage de récupérer du bleu dans le ciel à la limite entre ciel et terre. La partie droite de l’image s’éclaircit.

Ajuster couleurs, clarté et contrastes pour finaliser le rendu
La zone gauche sous l’arbre étant encore bien sombre je l’éclaircis elle-aussi en faisant en sorte de faire le lien avec la zone précédente. J’aurais pu traiter toute cette zone en une seule fois, mais je trouve plus simple de le faire en deux passages, la précision est plus grande.

Il ne me reste plus qu’à ajuster les couleurs. Je renforce les verts et bleus en augmentant la luminance de ces teintes. Pour finir, j’augmente légèrement la clarté sur l’ensemble de l’image, cela joue sur l’accentuation pour renforcer les détails. Quelques points de vibrance me permettent de renforcer les zones bleues sombres du ciel.
FAQ : correction d’exposition et exposition créative
Faut-il toujours corriger l’exposition ?
Non. Si la lumière est uniforme et le sujet bien exposé, l’automatisme suffit. La correction est utile quand vous cherchez un rendu particulier — ambiance, préservation des détails, effet silhouette, etc.
Quelle valeur choisir idéalement : –1 EV, +1 EV, –2 EV ?
Cela dépend de votre objectif créatif. –1 EV apporte souvent un ciel plus travaillé, –2 EV ou –3 EV crée un effet graphique fort mais sombre. +1 EV peut illuminer le premier plan, mais attention aux hautes lumières « brûlées ».
Pourquoi shooter en RAW lorsque l’on corrige l’exposition ?
Le RAW offre une plus grande latitude pour récupérer les détails dans les ombres ou les hautes lumières — un vrai atout pour la post-production. LE JPEG ne le permet pas.
Dois-je viser l’histogramme à droite ?
Oui, si vous cherchez à maximiser le détail dans les ombres — à condition que les hautes lumières ne soient pas écrêtées. Sinon, adaptez la correction selon ce que vous privilégiez (ciel, sujet, ambiance…).
Conclusion : corrigez l’exposition pour créer votre propre rendu
La démarche mise en œuvre ici m’a permis de passer d’une photo faite en mode automatique à une photo au rendu personnalisé.

Certains préféreront le rendu d’origine, d’autres apprécieront cette version plus lumineuse. Peu importe. Ce que je cherche à vous montrer, c’est que régler l’exposition vous permet de faire des photos créatives aisément.
Cette photo aurait peut-être mérité un autre traitement, une fusion HDR… toutes les solutions ont un intérêt. Régler l’exposition à la prise de vue reste toutefois le plus simple à faire, même si vous ne faites pas de post-traitement final.
Si vous êtes adepte du format JPG à la prise de vue, corriger l’exposition à votre convenance est une bonne façon de faire des photos créatives qui ne seront pas « celles des autres ».
➜ Découvrez plus de conseils sur l'exposition dans ma Lettre photo
Bonsoir,
L’article est intéressant comme toujours mais il me semble que ce serait intéressant de rajouter l’histogramme pour voir si vous bouchez les ombres ou les noirs (ce n’est pas le cas vu le résultat en post-traitement) ou si vous cramez le blancs (le ciel). On me parle toujours d’exposer à droite pour avoir le plus de détail dans les ombres tout en s’assurant que l’histogramme n’est pas « amputé » à droite (cramer) ou à gauche (boucher). Merci. Victor
[…] vous découvrez une scène en extérieur.Pendant vos congés, en vacances, en balade, comme dans cette présentation sur mon site […]
Bonjour et bien joué ! Quel logiciel as-tu utilisé pour tes fichiers RAW? Merci, bonne soirée.
Lightroom Classic, il reste mon outil au quotidien
Dans le cas de photos avec des écarts de lumière important (contre jour par exemple), quelle est la meilleure exposition afin de pouvoir récupérer le plus d’informations et de retraiter la photo comme vous l’avez fait ? (débouchage des ombres, correction partielle d’exposition …)
Certains privilégient une exposition à droite sur l’histogramme (plus clair) car on perdrait moins de détails …
Faut il mesurer la lumière sur la partie claire ? (ce que vous avez implicitement fait en exposant à -2Ev, soit la lumière du ciel)
Merci pour vos conseils
Je préfère toujours exposer pour les hautes lumières afin de ne rien y perdre, les tons sombres remontent toujours mieux en post-traitement. Donc exposition à droite à la limite du bord de l’histogramme.
Merci pour votre réponse qui me conforte dans ma pratique
J’ai enfin compris à quoi servait la sous-exposition. Merci
Mais sans post traitement les résultats semblent être plus aléatoire et moins convaincant.
Le post-traitement fait partie intégrante de la photographie. C’est l’étape finale à ne pas négliger.
Merci pour cet article tres bien fait, clair et tres pédagogique. Je partage avec un ami Italien fan de photographie.
Super article très intéressant et très pédagogique …on comprends bien quelle expo choisir lors de la prise de vue pour permettre le post traitement ultérieur. Quant à celui-ci, on voit parfaitement bien votre démarche grâce aux copies d’écran … merci beaucoup …. je vais m’en inspirer très fortement en utilisant Affinity photo … je suppose que votre exemple est réalisé avec votre chouchou, Luminar ?
J’ai traité les photos avec Lightroom Classic, c’est mon outil de travail principal.